La Conduite du Changement

« La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans mur dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader. Un système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude. » Aldous Huxley

Dès qu’une décision de changement est prise (quoi quand), il faut réaliser le plan d’exécution, qui permet d’installer ce changement (la nouvelle organisation, le nouveau SIO, etc). C’est la conduite du Changement.

Et c’est humainement compliqué. C’est même très compliqué. Ce dessin est à peine caricatural : 

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  • tout le monde veut que cela change (un minimum) à son profit
  • tout le monde veut que les autres changent à son profit toujours (ou pour le moins, sans rien perdre soi-même)
  • et du coup, devant l’ampleur du chantier, personne ne veut conduire le changement, sauf un « dictateur » qui va imposer ses idées, et très probablement à son profit.

J’ai un énorme respect pour la grande majorité des maires des petites villes et villages, qui essaient tant bien que mal, contre les systèmes étatiques souvent lourds et toujours sclérosants, de servir au mieux les intérêts de leurs administrés, pour un bénéfice personnel bien faible au regard de la somme de temps de patience et d’énergie psychologique investis.  J’ai un énorme respect envers tous les entrepreneurs, qui sacrifient bien souvent week-end et équilibre personnel, pour faire avancer leurs entreprises.

Le débat actuel sur le réchauffement planétaire est une illustration parfaite, à l’échelle de l’Humanité, du problème. Les données du GIEC, les signaux d’alarme émis depuis plus de cinquante ans, sont maintenant compris par l’immense majorité des français, des êtres humains en général sur la planète. Nous savons par exemple qu’il faut réduire drastiquement l’utilisation des énergies fossiles, donc utiliser moins de voiture et d’avion. Qui a réduit volontairement ses voyages ? La COP 21 à Paris, en 2015, a clairement énoncé les travaux à réaliser pour attaquer le problème. Qui conduit le changement ? Malgré les feux dramatiques en Australie (septembre 2019 à janvier 2020), la disparition de 60% des animaux sauvages en moins de quarante ans (rapport 2018, Planète Vivante), les impacts de notre mode de vie sont pourtant niés par certains présidents en exercice, et aucun des autres n’en fait une priorité absolue, ce qui aboutit qu’à mi mars 2020, en moins de 3 mois, en France, nous avons déjà envoyé la quantité annuelle autorisée de CO2 pour atteindre une augmentation raisonnable de la température à horizon 2050.

« Quand le feu est à la maison de ton voisin la tienne est en danger »,  selon le proverbe grec.

Prenez maintenant n’importe quelle Entreprise. Tout le monde veut que cela change (du propriétaire, en passant par les couches Président, Directeurs, Managers, Employés).

Qui veut changer ?  Personne, sauf l’initiateur du changement. Car changer pour quoi ? Que va t-on mettre à la place ? Que vais y gagner (le « what’s in it for me » des anglo-saxons, que chacun se pose) ? Et puis, « je suis bien, moi, ce sont les autres qui doivent changer »…

Qui veut conduire le changement ?  Personne, parce qu’on sait tous, intuitivement ou par expériences et culture engrammées, combien il est difficile de faire changer les autres (et soi-même). S’y collent donc les désignés : les managers, en général à haut niveau (les n-1 des membres du CODIR). Lancement de Projets. Et grosses difficultés, car le changement n’est pas porté, compris, accepté par tous. Et “on“ manipule. La Direction manipule. Les Syndicats manipulent. Les employés et les experts manipulent. Jeux de dupes, jeux de vilains. Et les porteurs des transformations sont les premiers fusillés politiques de l’affaire. Comme le dit l’adage, « le politique tue l’opérationnel ».

Tant que la  vision n’est pas commune et acceptée, il n’y pas conduite du changement, mais imposition du changement. Que ce soit en Entreprise, ou pour la Planète : avons nous tous une vision suffisamment commune, acceptable, à faire accepter, pour nous adapter et nous préparer en douceur, tant dans l’Entreprise que dans le Politique, aux nécessaires changements du dérèglement climatique ?

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