L’intelligence, ce n’est pas ce que l’on sait mais ce que l’on fait quand on ne sait pas

Cette formule est de Jean Piaget, un fameux biologiste (entre autres) de chez nos amis suisses, et qui a vécu au “siècle passé”. Et j’aime vraiment cette formule.

Je la relis à ma définition des processus dans la vie, en entreprise, ce que j’appelle personnellement des algorithmes, peut-être un peu par provocation.

Alors, regardons la vie courante, car il y a plein d’exemples :

  • la marche à pied, que nous avons apprise par essais et erreurs
  • une recette de cuisine, avec des ingrédients qu’on prépare, pas à pas, dans le bon ordre
  • le tissage automatisé, par Jacquard entre autres, au début de l’ère industrielle
  • tous les robots depuis, qui exécutent des programmes, des algorithmes, des routines programmées ou câblées
  • la résolution d’un casse-tête tel que le Rubik’s cube, par exemple, qui nous a tous bien pris la tête dans notre jeunesse
  • un coup de golf, avec sa réflexion, sa préparation, et enfin l’exécution du swing
  • à l’hôpital ou chez le médecin, le jugement clinique, le diagnostic, pour mieux trouver nos pathologies et définir les meilleurs traitements, que l’on prend ensuite… matin midi soir, encore un autre algorithme…
  • le code juridique (la loi), qui est l’ensemble des procédures applicables à un ensemble de cas, prédéfinis, afin de rendre une justice normée et répétitive, donc la plus équitable possible
  • et depuis assez récemment, l’intelligence artificielle, qui n’a d’intelligence que le nom : ce sont juste des algorithmes, complexes certes, et qui traitent des énormes quantités de données, certes encore… C’est peut-être cet abus de langage qui effraie tant les gens, avec les algorithmes et l’intelligence artificielle, et les futurs robots intelligents qui vont nous dominer…

Bref, l’algorithme, c’est la vie !

Nous sommes tous des êtres de répétition, de routine ; mais c’est aussi la vie en elle-même : on commence à décoder son fonctionnement, de manière assez précise, la manière dont les animaux, dont l’homme, dont tout le vivant se reproduisent, évoluent, etc… Et le “non vivant”, avec toutes les particules créés dans les soleils… Pour moi, le miracle est que tout ça existe, plutôt que non.

Alors revenons à nos algorithmes, nos processus dirait on plutôt en entreprise. Et prenons par exemple un algorithme simple de la vie courante : l’exécution d’une recette de cuisine (et vous pouvez faire le parallèle avec une usine du monde industriel ou un bureau d’études ou une école, etc). Une recette de cuisine, c’est simple : il suffit d’exécuter les opérations dans l’ordre indiqué. Mais bien l’exécuter demande du talent certes, mais aussi et surtout beaucoup de travail, de répétition, d’abnégation, pour bien la réaliser, de manière répétitive et qualitative.

Un bon algorithme (un bon processus) est une suite finie, non ambiguë, d’instructions et d’opérations permettant de résoudre une classe de problèmes, qui se posent à nous. Et la question est : qui l’a inventé, ce processus, cette recette, cet algorithme ?
Et bien, voilà où se niche l’intelligence, la vraie, selon moi.
A un moment, quelqu’un a eu une idée, pour faire quelque chose que personne n’avait fait avant. C’est peut-être juste une variante (mettre de la coriandre en plus dans une recette) ou quelque chose de vraiment nouveau (cuisiner des roses crémières, ou que sais-je ?).

Tout le monde – presque tout le monde – apprend et sait écrire. Mais l’intelligence, on la trouve dans les bons romans, ou les poèmes de génies tels que Hugo, Ronsard, et tant d’autres.

Tout le monde sait compter. Mais l’intelligence, on la trouve dans la création ou la découverte, des théories mathématiques ou physiques, par des génies scientifiques, tels Einstein, Newton, etc. Également dans l’informatique, avec des génies eux aussi, tels que Turing, Wozniak, etc.

Tout le monde apprend à jouer du pipeau, en France, de la flûte à bec. Ou à battre un rythme simple avec une cuillère sur une assiette… Mais en musique, c’est l’intelligence de leurs génies créateurs qui nous offre des pièces musicales magnifiques. Dans mon panthéon personnel, j’y mets Jean-Sébastien Bach, Georges Haendel , le groupe Pink Floyd (et bien d’autres, encore).

Tout le monde sait danser, plus ou moins en rythme, ou taper dans un ballon de foot, puis ou moins fort et précisément. Et ce sont des génies créateurs ont inventé des nouvelles utilisations du corps. Par exemple, la création des ballets modernes, par Jean-Georges Noverre. Ou des nouveaux coups de tennis, de Federer… Ou la créativité d’un joueur de golf tel que Severiano Ballesteros.

Tout le monde sait faire le portrait de Maman et Papa et du chien. Mais il y a l’intelligence des peintres, tel Van Gogh, Monet, Picasso ou des sculpteurs, tel Rodin, Giacometti, Louise Bourgeois… qui nous ont légué des oeuvres novatrices et magnifiques.

Et puis tout le monde, dans sa vie, a su rassembler ses amis, pour une soirée jeu, ou organiser un voyage familial, toute escale comprise. Et il y a l’intelligence des leaders, ceux qui entraînent tout le monde, tels Gandhi, Luther King ou alors ceux qui savent créer et faire fonctionner des organisations complexes, tel Bonaparte et le code civil, qui s’applique encore aujourd’hui en France.

Et puis tout le monde est capable de contempler un coucher de soleil, en paix ou en réfléchissant sur sa vie son oeuvre. Et il y a ces champions de la zénitude, de l’introspection, pour mieux se comprendre et se diriger dans la vie ; en 1 mot, l’intelligence des Freuds, Dalaï Lama, etc.

Donc, je résume : il y a plein de formes d’intelligence, mais les algorithmes, ce n’est pas intelligent ! Il faut être intelligent pour en créer un ; il faut être intelligent pour surmonter des difficultés (il manque de la coriandre ? je mets du basilic, et hop) ; mais l’exécution n’est qu’affaire de travail et de persévérance. Le travail est essentiel, comprenons nous bien, la pugnacité, ne jamais laisser tomber… mais là n’est pas l’intelligence.

L’intelligence, c’est que ce que l’on fait (invente, crée) lorsqu’on ne sait pas (travail non documenté, pas de processus, …). Alors pas de contre-sens : il faut bien-sûr un cadre commun en entreprise, un minimum de processus ; et justement un minimum, et pas trop, pour laisser l’intelligence s’exprimer !

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