Ce n’est pas facile. Je suis personnellement, à la fois timide et introverti. Du moins j’étais timide : cela se soigne avec du courage et de la confiance en soi, dans un contexte favorable et bienveillant d’abord, puis dans des contextes plus lourds.
L’introversion, par contre, c’est innée : je n’ai pas choisi d’être introverti. Pourtant, mon introversion a pu (peut parfois encore) être perçue comme de l’opacité, de la mise à distance, du refus de communiquer, surtout dans ce monde moderne de la télévision, du cloud, du show permanent, où toute la lumière est mise sur ceux qui sont à l’aise dans les relations sociales, dans la spontanéité, dans le paraître parfois. On a pu, jeune, me reprocher mes silences, ma difficulté à improviser sur des questions nouvelles pour moi, ou mon manque d’envie à faire partie ou participer à un groupe. Le regard que l’on jetait sur moi a été partiellement destructeur : “il ne tourne pas rond”, “il ne veux jamais participer à nos jeux”, “en réunion, il ne dit jamais rien”, “c’est un crâneur”, etc etc.
L’introversion, c’est innée : on ne peut pas sortir d’une introversion. Et d’ailleurs, pourquoi devrait-on le faire ? Mère Teresa, Gandhi, Steve Jobs, Barack Obama… Tous des introvertis, qui débord(ai)ent de charisme, ont su sortir de l’ombre , même si cela a été à l’encontre a priori de leur nature profonde. Ils ont transcendé leur introversion en contribution, coopération, collaboration.
L’introversion, c’est innée : c’est une chance, c’est une force. N’étant guère motivé par les honneurs publics, la renommée, la gloire ou le pouvoir, l’introverti aspire plutôt à des “réussites discrètes”, selon l’expression d’une sociologue américaine. Et si comme moi, vous êtes introvertis, vous êtes aussi et très probablement profond, autonome, réfléchi.
Alors, n’engrammez plus, n’acceptez plus les jugements négatifs sur votre introversion. Et ne perdez pas de temps à changer les autres, à essayer de modifier leur perception et leur attitude face à l’introversion… Comment pensez vous changer le regard des autres si vous ne changez pas d’abord le regard que vous portez sur vous même, sur votre introversion, sur ce que vous pensez des impacts de l’introversion sur votre vie ?
Alors, brisez la glace… et passez à l’action !

Commencez par comprendre que les interactions sont nécessaires, également pour vous. Si vous voulez quelque chose (ou ne voulez pas de quelque chose), il faut le demander (le dire) : apprenez à être assertif, en émettant des faits (sur vous), sans interrogation (sur vous, sur l’autre), sans exclamation (celle qui pointe l’autre), sans être impératif (on parle de vous, là…). Et passez aux travaux pratiques, par des cas simples d’abord, pour vous faire la main. Puis, les cas plus complexes, plus émotionnels ensuite.
En entreprise (en famille, en couple), si l’on vous pose une question dont vous n’êtes pas sûr de la réponse : annoncez le à vos collègues (votre enfant, votre épouse), dîtes que vous avez besoin d’y réfléchir, et cela apparaîtra normal pour tous, tout à fait normal si c’est vrai et si vous apportez plus tard, et de vous même, une réponse.
En entreprise (en famille, en couple) toujours, si l’on vous assène une contre vérité, ou même une vérité, mais blessante pour vous : annoncez à vos collègues (votre enfant, votre épouse) que vous n’êtes émotionnellement pas en état de répondre, et comme précédemment, dîtes que vous avez besoin de réfléchir, et cela apparaîtra normal pour tous, tout à fait normal si c’est vrai et si vous apportez plus tard et de vous même une réponse circonstanciée (avec la méthode ESPERE, pourquoi pas ?).
Votre smartphone sonne à tout va (des messages sur tel réseau social, quelques appels téléphoniques à l’ancienne, …) et vous ne voulez pas répondre, car vous être concentré sur une de vos activités préférées ou essentielles ou urgentes ou (rayez les mentions inutiles) : restez concentré ! Et puis prenez un temps – quand vous le décidez – pour répondre à ces sollicitations, si elles le méritent (si vous tenez à une relation, soyez aussi l’artisan de son succès) ; et puis, parfois, 5 minutes d’interruption acceptée permettent de gagner – d’un point de vue de l’introverti… – 2 heures de tranquillité…).
Vous êtes invité à une soirée “jeux”, ou à un salon en Italie, ou à participer à une réunion sur le lancement marketing d’un nouveau truc, et auxquels vous n’avez vraiment pas envie d’aller (vous n’avez ni impératifs professionnels ni raisons personnelles d’y aller) : expliquez tranquillement vos raisons, honnêtement, et il y a de fortes chances pour qu’on vous comprenne, et même qu’on ne vous en veuille pas, tant que vous donnez des raisons sincères, cohérentes, vraies.
Alors bien sûr, tout cela ne va pas se faire facilement, au début, ni spontanément. Travaillez le sujet, comprenez vous, acceptez vous avec votre caractère introverti, et bâtissez patiemment, sincèrement, votre liste d’arguments ‘types’ – à utiliser selon les circonstances – et qui vous correspondent vraiment, qui sont compréhensibles pour les autres, qui sont acceptables par les autres.
Croyez moi : ça marche. Brisez la glace ? Brisez votre glace… et passez à l’action, ici et maintenant !
