La Valeur travail

Il est de bon ton en France de jalouser le succès des autres (un sportif qui gagne, un expert qui devient une référence nationale, un entrepreneur qui développe de manière “exponentielle” – comme on dit maintenant – sa société…). Et on jalouse, en réalité et le plus souvent, les retombées de ce succès (l’argent étant le premier sujet de critique).

Vous le savez, nous préconisons ici l’agilocratie, un modèle de coopération où chacun fait selon ses capacités et tous gagnent du succès collectif.

Alors, oui, je fais partie de ceux qui pensent – sans jalouser – que les sommes exorbitantes que gagnent ces champions, dans leur domaine, sont injustifiables (ce golfeur de haut niveau qui empoche bon an mal an 10 millions d’euros, et vient nous expliquer que ce n’est pas assez pour sécuriser sa famille et tourne le dos à la PGA, l’organisation internationale de golf qui l’a fait connaître et grandir ; cet expert qui vend sa journée à plus de 10 000 euros pour nous relater son expérience ; cet entrepreneur à succès qui justifie son salaire et ses voitures de fonction à 5 chiffres comme mérités).

Là est le nœud ; oui, le succès est mérité, quand on travaille de manière soutenue ; quand on a sacrifié des heures, des jours, des semaines à son projet ; quand on s’est discipliné, organisé, focalisé ; quand on ne compte plus les longues heures au quotidien ; quand on a dû surmonter des doutes, alors que le succès est encore loin, et même sûrement subi des échecs ; quand on prend des risques personnels (réellement personnels : sa santé physique ou moral, ses liens sociaux, son capital financier) ; quand on subit les critiques de ceux qui pensent différemment… Pas de doute, oui, le succès est mérité… Mais le second (le sportif juste en bas du podium, l’expert presque autant expert et qui ne trouve pas son public car on veut tous le meilleur du meilleur ; cet entrepreneur lucide, travailleur, persistant, et qui lui ne perce pas car ce n’est pas le meilleur moment ni le meilleur endroit… Eux aussi méritent le succès. Eux aussi méritent les éloges. Et eux aussi méritent les retombées. D’ailleurs, sans les seconds (troisièmes, quatrièmes… derniers), il n’y aurait pas de premiers. Sans les gens de ” l’ombre ” (les bénévoles dans les nombreuses associations sportives ou culturelles, les travailleurs de nuit qui veillent sur notre sommeil et nos jours, les infirmières, femmes de ménage, travailleurs de service).

Le succès est relatif. Tant sur la forme (“le vainqueur prend tout” : et pourquoi ça ?) que sur le fond (mais qu’est-ce qu’un succès finalement ? amasser des fortunes et des biens, consommer à l’excès ?). Le succès est également une construction qui se bâtit, génération après génération sur les succès de nos aïeux, sur les travaux et supports de nos pairs.

Alors, merci à toutes ces personnes (et je vous laisse nommer vos étoiles ici) dont le succès n’a pas entamé ni leur humilité, ni leur humanité ; des personnes qui ont compris que leur succès s’est construit aussi sur le travail et l’abnégation des autres.

ici, à Agil’Spaces, nous valorisons le travail (tous les types de travail : intellectuels comme manuels, solitaire comme en équipe, employés comme managers, privés comme fonctionnaires), quand il est mis au service de chacun, bien évidemment, car il faut vivre et faire vivre ses proches, mais aussi au service de la communauté. Et nous pensons que pour les années à venir, il serait bon qu’une prise de conscience générale s’opère pour sauver ce que nous pouvons encore sauver, de la vie, de l’humanité, avec toutes ces crises politiques, économiques, climatiques et énergétiques qui déjà depuis plus de 50 ans, secouent nos sociétés et construisent à nos enfants un monde et un avenir plus sombres, plus dangereux, plus mortels également, que jamais.

PS pour les grincheux : je ne préconise pas le retour à la vie pré industrielle ou la fin de la science et le retour à l’obscurantisme : j’aurais l’occasion sûrement dans un autre blog, de dire pourquoi.

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